L’arthrose de l’épaule

De quoi s’agit-il ?

L’épaule correspond à l’articulation entre l’omoplate et l’humérus. La partie supérieure de l’humérus constitue une tête qui pivote dans un creux de l’omoplate : la glène. Ces surfaces de glissement sont recouvertes de cartilage.

Le muscle deltoïde et les tendons de l’épaule appelés La coiffe des rotateurs entourent cette articulation. Ils s’insèrent autour de la tête de l’humérus et participent aux mouvements d’élévation et de rotation du bras.

L’arthrose est l’usure du cartilage présent au niveau des surfaces de glissement. Cette usure s’accompagne de remaniements de l’os au niveau de l’humérus et de l’omoplate.
L’usure du cartilage est irréversible. Ces modifications vont occasionnées une douleur et une diminution de la mobilité ainsi qu’une difficulté à utiliser le bras.

Il existe deux types d’arthrose de l’épaule.

  • L’omarthrose primitive qui survient spontanément : ce sont des arthroses dites centrées car la tête de l’humérus reste en face de la glène de l’omoplate.
  • L’arthrose secondaire qui survient secondairement à une pathologie de l’épaule :
    – les ruptures massives et anciennes de la coiffe des rotateurs qui donnent le plus souvent des arthroses excentrées.
    – les instabilités de l’épaule (luxation et subluxation).
    – les séquelles des fractures de la tête humérale ou de la glène.

Le diagnostic

Le diagnostic est radiologique

Sur des radiographies standards, on observe l’amincissement des cartilages, des petites lacunes osseuses (géodes) et des excroissances osseuses (ostéophytes).

Il est à noter que l’on découvre parfois sur des radiographies une arthrose d’épaule évoluée souvent de type excentré mais indolore et sans gêne fonctionnelle : aucun traitement n’est alors nécessaire.

L’IRM et l’Arthroscanner ne sont utiles que si l’on envisage un traitement chirurgical.

Un scanner de l’épaule sera effectué selon un protocole spécifique et servira à planifier l’opération et permettre la mise en place d’une prothèse d’épaule « personnalisée ».

    Le traitement

    L’évolution de l’arthrose de l’articulation de l’épaule s’est faite lentement et progressivement vers aggravation.

    Le traitement médical avec des antalgiques et des anti-inflammatoires est devenu inefficace, la douleur et le handicap sont devenus insupportables.

    La limitation de plus en plus importante des mobilités et l’utilisation de plus en plus difficile du bras posent la question d’une intervention chirurgicale et du remplacement de L’articulation de l’épaule par une articulation mécanique: La prothèse d’épaule.

    L’intervention consiste à remplacer le cartilage usé de l’articulation par une prothèse partielle (humérale) ou totale d’épaule.

    L’objectif de la chirurgie est de retrouver une épaule mobilestable et indolore dans tous les plans de l’espace (dans 95% des cas) et conserver une force en rapport à l’âge et à la condition physique.

    • Le choix de la prothèse.

    En fonction de l’état des tendons de la coiffe des rotateurs on utilise une prothèse anatomique, ou une prothèse d’épaule inversée.

    Dans les arthroses centrées lorsque la coiffe des rotateurs est saine on met en place une prothèse de type anatomique.

    La tête de l’humérus (os du bras) de forme sphérique, pivote dans un creux de l’omoplate en forme de cupule.

    La prothèse dite « anatomique » reproduit le fonctionnement de l’épaule.

    La coiffe des rotateurs permet de lever le bras en faisant pivoter la tête de l’humérus.

    Dans les arthroses excentrées où lorsque la coiffe est irréparable on choisit une prothèse totale inversée. On inverse les pièces métalliques pour remplacer les tendons abimés.

    Prothèse inversée : la partie sphérique est fixée à l’omoplate et l’humérus reçoit l’implant concave en forme de cupule.

    La prothèse inversée permet de recréer le mouvement du bras vers le haut en utilisant la force du muscle deltoïde.

    LA PROTHESE TOTALE D’EPAULE “SUR MESURE” (lien)

    L’essor des Nouvelles technologies, le développement de l’intelligence artificielle permet de nos jours d’optimiser les résultats de l’intervention tant sur le plan de l’antalgie que de la récupération des amplitudes articulaires.

    Le logiciel BLUEPRINT fournit une visualisation en 3 D et des mesures précises de l’épaule du patient. Il va permettre une planification en trois dimensions (3D) et la création d’instrumentation spécifique à chaque patient pour faire de votre opération une procédure personnalisée, « une prothèse d’épaule sur mesure, » la prothèse idéale adaptée à l’anatomie de chaque patient, son âge et à la qualité de ses muscles de la coiffe des rotateurs.

    La technique

    La chirurgie est réalisée sous anesthésie générale le plus souvent associée à une anesthésie locorégionale (épaule) pour diminuer les douleurs post-opératoires.

    La voie d’abord se fait par une incision réalisée sur votre épaule. Les tendons de votre épaule sont détachés pour accéder à votre articulation. Les surfaces articulaires endommagées et douloureuses sont retirées (humérus systématiquement, omoplate selon son usure et la technique utilisée) et remplacées par les pièces métalliques ou implants qui constituent la prothèse.

    Le scellement de la prothèse sur l’os est généralement sans ciment, la prothèse est fixée par impaction l’os se soude à la prothèse en l’espace de quelques mois, cette ostéo-intégration s’effectuera généralement en 3 mois.

    Au moment de l’opération, le chirurgien utilise le guide de coupe personnalisé pour positionner les instruments avec une très grande précision et placer les implants en reproduisant les gestes déterminés pendant la phase de planning pré-opératoire et soigneusement mis au point sur la simulation en 3D.

    L’hospitalisation, en dehors de toute contre-indication liée à votre état général, est en principe de 1 à 2 nuits maximum.

    La préparation à l'intervention

    • La consultation.

    Le chirurgien a évalué votre douleur et votre gêne fonctionnelle.                                                              

    Il vous informe oralement de la nécessité de cette intervention chirurgicale et de son bénéfice, des détails de l’intervention, de la technique opératoire et des risques opératoires.

    Il vous détaille le parcours de soins dont vous allez bénéficier et les recommandations à suivre tout au long de ce parcours. Il prépare votre dossier médical et organise le planning pré – opératoire.

    Avant l’intervention, Le chirurgien vous prescrit différentes ordonnances et des examens pour juger de votre condition et garantir qu’il n’y a aucun facteur pouvant interférer avec votre opération.

    Les principaux :

    • Un scanner de l’épaule effectué selon un protocole spécifique qui servira à planifier l’opération et permettre la mise en place d’une prothèse d’épaule personnalisée
    • Un bilan sanguin.
    • Une consultation avec votre chirurgien-dentiste.
    • Un examen cytobactériologique des urines.

    Ces 2 examens doivent éliminer un foyer bactérien susceptible d’entraîner le passage d’un germe dans le sang et sa fixation sur la prothèse entrainant une infection.

    • Une consultation avec l’anesthésie.
    • Des séances de rééducation avant l’intervention. Il est nécessaire de vous préparer à la chirurgie, apprendre les exercices d’auto-rééducation que vous devrez effectuer plusieurs fois par jour après l’opération. et d’organiser la rééducation post-opératoire dans un cabinet de ville après l’hospitalisation.
    • Une attelle d’immobilisation pour l’épaule.
    • Une ordonnance pour un savon désinfectant.
    • Une ordonnance pour programmer les soins infirmiers. 
    • L’hospitalisation.

    Elle se fait la veille de votre intervention. Vous devez avoir:

    • votre attelle
    • vos examens d’imagerie: Radios Scanner
    • la bétadine pour le shampoing et la douche à faire la veille et le jour de l’intervention.
    • votre dossier administratif complet à remettre au service d’admission.
    • votre dossier médical complet pour le remettre dans le service d’hospitalisation.

    Afin de faciliter votre préparation à l’intervention et votre séjour en hospitalisation, une check-list des prescriptions médicales et des recommandations vous est remise le jour de la programmation de l’intervention.

    Les suites opératoires

    • Des traitements antalgiques sont prescrits en fonction de votre douleur.
    • Le Glaçage de la zone opératoire est fortement conseillé.
    • Le pansement est changé par l’infirmièretous les 2 jours pour une période de 15 jours.
    • La kinésithérapie est débutée immédiatement et à la sortie de la clinique le patient. Une rééducation avec un kinésithérapeute sera nécessaire pour restaurer la mobilité puis la force musculaire. Un délai d’environ 45 jours est nécessaire pour la cicatrisation du tendon sectionné pendant l’opération : il faudra éviter tout effort de l’épaule opérée pendant cette période.
    • Le sevrage de l’attelle débutera à partir de J15.
    • La durée de l’arrêt du travail varie selon l’activité professionnelle, elle est généralement de 3 mois, avec un délai plus court pour une activité de bureau.
    • La reprise de la conduite est envisageable à 2mois.
    • La reprise du sport est possible entre le 2ème et le 4ème mois selon l’activité pratiquée et la qualité de la récupération.

      Quelques sports à éviter après une prothèse totale d’épaule : tout sport avec un risque important de chute sur l’épaule (VTT), d’impact ou d’effort important sur l’articulation opérée. Sports de raquettes (tennis, squash, badminton), volleyball, basketball, rugby, golf, certains arts martiaux, boxe ,ski ,tir.

      Eviter également tous les efforts excessifs sur l’épaule et les impacts dans des activités comme le bricolage (marteau).

      Ces délais sont variables et sont donnés à titre indicatif. Ils seront confirmés en consultation par votre chirurgien.                                                                                                                                 

      La récupération est progressive et s’étend sur une période d’au moins 6 mois et peut se poursuivre pendant un an. L’observation scrupuleuse des consignes post-opératoires et la qualité de la rééducation influent grandement sur la qualité et la rapidité de la récupération.

      Les risques

      Comme toute chirurgie le risque zéro n’existe   pas et une complication peut survenir.

      • Un hématomequi se résorbe en règle générale tout seul. La cryothérapie (glaçage de la zone) régulière permet d’éviter ou de diminuer cet hématome. Lorsqu’il est trop important, une évacuation chirurgicale est exceptionnellement nécessaire.
      • Un trouble de cicatrisation cutanée.
      • Des adhérences tissulaires ou des nodules de fibrose cicatricielle qui peuvent engendrer une raideur articulaire. Une intervention peut être alors nécessaire afin de libérer l’épaule.
      • Les lésions nerveusesextrêmement rares. Il s’agit le plus souvent d’une lésion d’étirement liée aux manœuvres durant l’intervention et qui récupèrent spontanément.
      • En post-opératoire une infectionde l’articulation. Cette complication est exceptionnelle mais reste grave. Un lavage de l’épaule ainsi que la prescription d’un traitement antibiotique prolongé seront nécessaires. A L’apparition de fièvre, de frissons ou d’un écoulement cicatriciel vous devez joindre votre médecin généraliste ou le chirurgien.

      Il est formellement déconseillé de fumer avant l’opération et pendant la période de récupération : le tabagisme augmente de manière significative les risques d’infection et de complications de la cicatrisation.                                                                                                      

      • L’infection chronique secondaire est une complication rare mais grave. Elle peut survenir même très longtemps après la chirurgie (plusieurs années) et peut provenir d’une infection à distance de l’épaule, comme une infection dentaire ou urinaire.

      Lorsqu’on est porteur d’une prothèse il est nécessaire de suivre une bonne hygiène de vie. Il faudra être très attentif et consulter rapidement votre médecin pour traiter toutes infections dentaires urinaires plaies qui constituerait une porte d’entrée pour les bactéries.

      • L’algodystrophieest un phénomène douloureux et inflammatoire encore mal compris. Elle est traitée médicalement et peut durer plusieurs mois (voire parfois des années) avec une prise en charge spécifique et une rééducation adaptée, des bilans complémentaires et parfois la prise en charge spécifique de la douleur par une équipe spécialisée. Elle est imprévisible dans sa survenue comme dans son évolution et ses séquelles potentielles.
      • La capsulite rétractileest une rétraction de la capsule de l’articulation entrainant une diminution de la mobilité passive et active de l’épaule. Elle récupère en un an environ mais peut parfois entraîner une raideur partielle séquellaire.

      La luxation de la prothèse. Rare, elle peut survenir généralement à l’occasion d’un traumatisme ou d’un faux mouvement. Elle survient généralement dans les premiers mois suivant l’intervention. Elle nécessite une réduction associée à une immobilisation, mais peut parfois justifier une nouvelle intervention.