La rupture des tendons de la coiffe

De quoi s’agit-il ?

La coiffe des rotateurs est constituée de cinq muscles et de leurs tendons qui s’attachent tout autour de la tête de l’humérus, entourant ainsi cette tête humérale, en la « coiffant » et qui permettent la mobilité de l’épaule.  Le sus-épineux, le sous-épineux, le sous-scapulaire, le petit rond et le tendon du long biceps permettent de lever le bras et le tourner et participent à la stabilité de l’épaule.

Les causes

  • Dans la majorité des cas, il s’agit d’une rupture dégénérative dont l’évolution se fait sur plusieurs semaines ou plusieurs mois. C’est le tendon du sus-épineux qui est le plus fréquemment impliqué dans les ruptures dégénératives. La rupture ou les tendinites du long biceps sont souvent associées
  • Un traumatisme plus ou moins important au niveau de l’épaule peut être à l’origine de la rupture et déclencher l’apparition des signes.
  • Un travail répétitif avec des mouvements répétitifs sollicitant en permanence les muscles de la coiffe (Maladie Professionnelle). Chez le patient jeune, le début est souvent brutal, souvent post traumatique.
  • Certains sports favorisent son apparition.

Le diagnostic

Les signes :

  • La douleur est le plus souvent le motif de la consultation. Elle peut être intermittente ou permanente. Elle est aussi souvent nocturne perturbant ainsi le sommeil.
    Elle se situe sur le moignon de l’épaule, descend vers le coude et remonte vers le cou.
    Elle est le plus souvent déclenchée par certains mouvements de l’épaule et limite de façon importante les activités quotidiennes et professionnelles.
  • L’Impotence fonctionnelle. La diminution de force de l’épaule entraîne une impossibilité de tenir un objet à bout de bras.

     

  • La diminution des mobilités articulaires, à un stade évolué, est un signe péjoratif si elle s’associe à une raideur de l’épaule.

L’examen :

  • L’interrogatoire précise l’âge du patient, la chronologie d’apparition des symptômes soit à la suite d’un traumatisme unique avec sensation de craquement, soit d’apparition progressive lors de mouvements répétitifs.

Des tests spécifiques précisent les atteintes tendineuses, les mouvements douloureux et permettent d’évaluer la diminution de la force musculaire d’un ou de plusieurs muscles.

Les examens complémentaires :

  • Les radiographies de l’épaule. (Face et profil), Elles peuvent à elles seules confirmer la rupture. Elles permettent de retrouver des arguments en faveur des lésions : par exemple dans le cas d’un acromion agressif, elle précise une éventuelle atteinte arthrosique au niveau des articulations gléno-humérale et acromio-claviculaire.

     

  • L’échographie est de plus en plus souvent demandée, en complément, dans des mains entraînées elle est d’une grande valeur diagnostic. Par la suite, elle permettra le suivi d’une réparation chirurgicale.

     

  • L’arthro-scanner ou l’IRM évalue la taille exacte de la rupture, son épaisseur ( transfixiante ou partielle) ainsi que les différents tendons mis en cause et enfin la réparabilité de la coiffe. Ces examens précisent les lésions et vont orienter la décision thérapeutique.

Le traitement

L’orientation thérapeutique est liée à plusieurs facteurs :L’activité du patient est plus importante que l’âge.
L’importance des douleurs et de la gêne fonctionnelle.
La taille de la rupture, la rétraction des tendons et l’atrophie musculaire.
L’échec des traitements préalables.

    • Le traitement conservateur : Il est réservé aux gens âgés, à activité réduite, ou aux ruptures étendues et rétractées, avec atrophie musculaire : coiffe irréparable. Son but est de lutter contre la douleur et de conserver les mobilités articulaires.
      Il associe :
    • La kinésithérapie avec des protocoles définis est la base de ce traitement et il peut s’étaler sur plusieurs mois.
    • Un traitement antalgique et anti-inflammatoire.
  • Le traitement chirurgical :Le traitement chirurgical doit être proposé chez le sujet actif, mais aussi en cas d’échec du traitement médical. Il est bien sûr conditionné par la réparabilité de la coiffe. Dans les cas où la coiffe s’avère non réparable on peut proposer un geste isolé sur le tendon du long biceps. La mise en place d’une prothèse d’épaule « inversée » donne d’excellents résultats et est de plus en plus proposée pour la sédation des douleurs.

– La Technique Chirurgicale –

  • L’intervention est classiquement réalisée sous anesthésie générale associée à une anesthésie du bras.
  • Elle est réalisée sous arthroscopie, c’est-à-dire au moyen d’une caméra, par la technique de la simple ou double rangée. La rupture est identifiée puis on avive la surface osseuse de l’humérus où le tendon sera réappliqué.

 Au travers de petites incisions de 5 mm, on réalise la réparation des lésions tendineuses. Elle consiste à ré-amarrer le tendon à l’humérus au moyen d’ancres sur lesquelles sont montées des fils. Les ancres sont impactées ou vissées proche du cartilage huméral puis les fils sont passés au travers des tendons au moyen d’instruments spécifiques et noués ce qui permet l’application du tendon sur la surface osseuse avivée.

Le but est d’obtenir une coiffe « étanche« .

Cette technique permet de faire un bilan complet de l’articulation (ligaments, cartilages) et généralement, on associe à la réparation tendineuse, une acromioplastie afin d’agrandir l’espace sous acromial et de donner un peu plus d’espace aux tendons réparés. Un geste sur la portion intra articulaire du biceps est également préconisé visant à le décrocher de son insertion d’origine (la glène) et le repositionner dans sa gouttière humérale.

    La préparation opératoire

    • La consultation :

    Le chirurgien informe le patient oralement de la nécessité de cette intervention chirurgicale et de son bénéfice, des détails de l’intervention, de la technique opératoire et des risques opératoires. Il détaille le parcours de soins et les recommandations à suivre avant et après l’intervention pour s’assurer du bon résultat de la chirurgie.

    Il remet plusieurs prescriptions.
    Une consultation avec l’anesthésiste.
    – Une ordonnance pour des antalgiques à récupérer dans les 3 jours à la pharmacie.
    – Une ordonnance pour une évaluation fonctionnelle de l’épaule préalable à la chirurgie.
    – Des séances de rééducation à faire avant l’intervention pour récupérer ou entretenir la mobilité (passive) de l’épaule et pour se préparer à la chirurgie.
    – Des séances de rééducation afin de programmer la rééducation post-opératoire dans un cabinet de ville après l’hospitalisation.
    – Une attelle d’immobilisation de l’épaule.
    – Une ordonnance pour un savon désinfectant.
    – Une ordonnance pour programmer les soins infirmiers.

    • L’hospitalisation :

    La chirurgie est généralement réalisée en ambulatoire. L’hospitalisation se fait le jour de l’intervention ainsi que la sortie.
    La veille et le matin de l’intervention une douche-shampoing avec le savon désinfectant doit être effectuée.Afin de faciliter la préparation à l’intervention et le séjour en hospitalisation, une check-list des prescriptions médicales et des recommandations est remise le jour de la programmation de l’intervention.

    Les suites opératoires

    Le chirurgien peut adapter les ordonnances de sortie s’il le juge nécessaire en fonction de son examen lors de la visite de sortie. Le calendrier des soins post opératoires est lié à l’état pré-opératoire et post-opératoire du patient.

    • Au réveil, l’épaule est immobilisée dans une attelle. La contention doit être portée 4 à 6 semaines délai de cicatrisation tendineuse. Elle peut être retirée avec précautions pour la toilette, l’habillage, pour effectuer des exercices d’auto-rééducation établis selon un protocole puis pendant les séances de rééducation.
    • Prise des antalgiques. Les douleurs post opératoires sont très variables selon les patients.
    • Le glaçage de la zone opérée est conseillé.
    • Le pansement est changé tous les 2 jours.
    • Les séances de rééducation débutent environ 8 jours après la chirurgie et doivent respecter les consignes inscrites par le chirurgien sur l’ordonnance.
    • Une évaluation fonctionnelle de l’épaule sera réalisée à 3 mois.
    • La conduite est autorisée autour du 2ème mois post opératoire, délai adapté au cas de chacun.
    • L’arrêt de travail à prévoir est de 2 à 3 mois pour un travail sédentaire, 3 à 6 mois pour un travail manuel.
    • Un bilan isocinétique à la fin du 6ème mois peut être prescrit avant la reprise de certains gestes professionnels, activités de loisirs ou de sports.

    Un rendez-vous post opératoire est prévu à 1 mois, 2 mois et 3 mois. Le chirurgien s’assurera qu’il n’y a pas de douleurs anormales et que l’épaule est souple. La date de retrait de la contention et les activités seront fixées en fonction de son examen. 

    Les risques

    Les principales complications sont :

    • La capsulite rétractile qui se manifeste par une raideur douloureuse de l’épaule. La récupération est alors plus longue mais toujours favorable.
    • La re-rupture dont l’origine est multi factorielle (âge, tabac, lésions initiales,).