L’Hallux valgus

De quoi s’agit-il ?

Il s’agit de la déformation du premier rayon du pied au niveau interne avec apparition d’une bosse à l’angle entre l’avant-pied et le gros orteil. Le premier métatarsien est dévié en dedans et le gros orteil est déporté en dehors, en raison d’une rupture de la capsule articulaire

 Le plus souvent l’hallux valgus est une déformation dégénérative liée au relâchement des tissus de contention de l’avant-pied aboutissant à un élargissement de l’avant pied et plus particulièrement à une déformation du premier rayon. L’articulation en regard de la bosse ne fonctionne plus dans de bonnes conditions et devient douloureuse et le plus souvent entraîne une gêne au chaussage.

La déformation est le plus souvent bilatérale et elle est irréversible.

Les causes

Les causes  de la déformation sont multiples et en général plusieurs facteurs sont réunis pour l’apparition d’un hallux valgus.

  • Une prédisposition congénitale : Une tendance familiale (30%) sans que ce facteur soit pour autant héréditaire.                                                                                                                              
  • Une prédisposition féminine : la souplesse, la laxité articulaire                                                  
  • La longueur du gros orteil : plus le gros orteil est long, plus les contraintes de la chaussure seront importantes. Il y a une majorité de pieds dits égyptiens dans l’hallux valgus (75%).
  • La chaussure : Le facteur le plus commun est de loin le port prolongé de chaussures étroites habituellement avec un talon. Les orteils sont serrés et se placent dans une position qui n’est plus naturelle. La chaussure a tendance à rabattre le gros orteil vers le second et ce d’autant que le premier orteil est long. 
  • Le pied plat valgus : l’affaissement de la voûte plantaire aggrave la déformation.    

 D’autres causes comme les maladies inflammatoires (la polyarthrite ), des causes héréditaires peuvent favoriser l’apparition d’un hallux valgus.

Le diagnostic

Le diagnostic est clinique.

Au début, les douleurs au niveau de « l’oignon » et au chaussage peuvent être soulagées par des antalgiques et des anti-inflammatoires ainsi qu’un traitement de podologie.

A un stade avancé on peut observer  :

    • Une douleur invalidante qui limite les activités quotidiennes en incluant la marche même avec le port de chaussures adaptées et des chaussures de sport. au niveau de « l’oignon » , la douleur peut-être très vive par irritation du nerf collatéral dorsal  médian
  • Une inflammation du gros orteil en regard de MP 1 avec un gonflement, une bursite. 
    • Une déformation du gros orteil vers le deuxième orteil qu’il peut recouvrir 
    • Un enraidissement du gros orteil associé souvent à l’enraidissement des autres orteils en particulier du second. 
    • Un refoulement des orteils latéraux en dehors appelé « coup de vent des orteils » une déviation du premier métatarsien en dedans avec une subluxation métatarsien -phalange1
  • L’apparition de griffes d’orteils et l’apparition de métatarsalgies ce sont des douleurs plantaires sur pied rond antérieur.

La perte d’appui du gros orteil a entraîné une surcharge de la partie centrale du pied responsable des déformations des petits orteils (griffes) avec apparition d’un cor dorsal, ou de  durillons au niveau de la plante du pied associés à des douleurs d’appui ou Métatarsalgies . Un traitement spécifique est nécessaire en association à la correction de l’hallux valgus.

Le diagnostic radiographique permet de proposer la solution chirurgicale adéquate.

Le traitement

L’examen clinique, des bilans spécifiques du pied et des radios permettent d’évaluer le handicap et de prévoir une chirurgie seule alternative pour enrayer une évolution naturelle se faisant vers l’aggravation. 

La technique va dépendre de la gravité de l’hallux valgus analysé : sa réductibilité et la valeur de l’angle entre les deux premiers métatarsiens. Elle dépend d’autre part des signes associés, griffes de O2, Métatarsalgies .

Technique :La chirurgie mini-invasive percutanée du pied.

Cette technique supprime une grande partie de l’agression chirurgicale pour les différents tissus du pied. Cette technique est moins invalidante et moins douloureuse que les techniques classiques car les voies d’abord chirurgicales sont à minima. Elle simplifie la prise en charge chirurgicale et les suites immédiates pour le patient car elle autorise un appui immédiat et la reprise de la marche quasi immédiate .

La chirurgie percutanée va permettre d’effectuer des ostéotomies (sections osseuses), des allongements tendineux et des libérations articulaires.

  • Lanesthésie est loco régionale.
  • Les incisions sont punctiformes et se situent sur le dessus du pied .  

  • Le geste technique Dans la majorité des cas : Au niveau du premier métatarsien, on va réaliser une ostéotomie en biseau qui s’apparente à une ostéotomie en chevron ou en scarf court. 

Une découpe complète de la partie distale va être effectuée avec une translation externe, stabilisée par des vis. Puis il faut libérer l’articulation métatarso-phalangienne du premier rayon et pratiquer une ostéotomie de la base de P1. Ces différentes ostéotomies permettent de redresser l’axe du premier rayon

Les vis qui assurent une bonne stabilisation de ces réorientations osseuses sont mises en place toujours en percutané. Ces vis sont souvent très bien tolérées et sont généralement laissées en place d’une façon définitive.

Des gestes chirurgicaux complémentaires pourront être nécessaires sur les orteils latéraux en présence de griffes et de Métatarsalgies.

Dans les formes graves, la technique consiste à :

  • Enlever une partie de « l’exostose »
  • Pratiquer une ostéotomie du col pour redresser la surface articulaire 
  • Libérer l’articulation métatarso- phalangienne du premier rayon
  • Pratiquer une ostéotomie de la base de P1 pour finir de redresser le gros orteil
  • Réaliser une ostéotomie de soustraction de la base de M1 pour diminuer l’angle entre M1 et M2

Des gestes chirurgicaux complémentaires pourront être nécessaires sur les orteils latéraux en présence de griffes et de métatarsalgies. Un allongement des gastrocnémiens peut être réalisé en présence d’un pied rond antérieur et de métatarsalgies.

La préparation opératoire

  • La Consultation

Le chirurgien a évalué votre douleur et votre gêne fonctionnelle. Il vous informe oralement de la nécessité de cette intervention chirurgicale  de son bénéfice et des risques opératoires. Il vous explique la technique utilisée  pour corriger les déformations existantes et la durée des suites opératoires qui seront fonction  de votre cas .

Chirurgie d’Hallux Valgus simple

Chirurgie d’ Hallux valgus avec un 2 ème rayon en marteau

Chirurgie d’Hallux valgus avec  Ostéotomies (sections osseuses) d’un ou plusieurs métatarsiens latéraux pour traiter les troubles de  l’appui.

Reprise d’une chirurgie antérieure. 

Il vous détaille le parcours de soins dont vous allez bénéficier et les recommandations à suivre tout au long du programme chirurgical.

Le but de la chirurgie est fonctionnel. Elle doit soulager au maximum la douleur et corriger la déformation au maximum du réalisable pour pouvoir se chausser normalement de façon indolore et rendre au gros orteil son rôle propulseur.  

Les études montrent 85% à 90% de bons résultats . Le résultat peut être moins satisfaisant lorsqu’on est opéré à un stade plus avancé (atteinte du  2° orteil par exemple) ou en cas de reprise d’une chirurgie antérieure. La chirurgie améliore cependant la situation. 

  • L’hospitalisation 

 L’ intervention est réalisée en hospitalisation ambulatoire . L’hospitalisation se fait le jour de l’intervention ainsi que la sortie.                      

Afin de faciliter votre préparation à l’intervention et votre séjour en hospitalisation, un livret d’informations et des recommandations à suivre vous est remis le jour de la programmation de l’intervention.

Les suites opératoires

Une chaussure spéciale rigide est portée pendant quatre semaines.

L’appui est généralement immédiat dans les suites immédiates de l’intervention. La reprise de la marche sera progressive, avec sevrage du chaussage médical et port d’une chaussure large et confortable à semelle semi rigide avant de reprendre votre chaussage habituel. Les délais sont fonction de la déformation initiale, de l’intervention réalisée (hallux valgus simple ou avec des gestes associés sur les orteils latéraux.

Le pansement  doit être maintenu pendant deux semaines. Il permet de maintenir les réductions. En effet les sections osseuses ne sont pas forcément fixées ainsi les ostéotomies peuvent bouger pendant 3 à 6 semaines. Il ne doit pas être  touché avant la date prévue, à l’issue de cette période il sera refait par une infirmière.

L’œdème post opératoire est habituel en chirurgie du pied, et n’est pas une complication. La prise en charge de l’œdème est essentielle non seulement pour atténuer la douleur mais aussi pour améliorer la qualité de la cicatrisation : ainsi, une certaine période de repos, de surélévation de glaçage est recommandée .la mise en place d’une contention veineuse et des séances de drainage lymphatique peuvent être utiles à l’ablation du pansement. 

Un traitement antalgique est prescrit.

Un traitement anticoagulant est prescrit pour limiter les risques de phlébite.

La durée de l’arrêt de travail est de un à trois mois selon le type de travail effectué, et le type d’intervention chirurgicale .

La reprise du sport est à quatre mois. Une consolidation complète est nécessaire pour reprendre des sports tels que la course à pied, le tennis, la randonnée de montagne etc. Cyclisme et natation peuvent être repris plus précocement.

Les risques

Le risque de complications est rare mais l’intervention sans risque n’existe pas. Dans 5 à 10% des cas il existe des complications post chirurgicales :

    • L’infection, malgré toutes les précautions de désinfection et de préparation cutanée nécessitant  la mise en place d’antibiotiques, et parfois des réinterventions chirurgicales .
    • L’algo neuro dystrophie ou syndrome douloureux régional complexe .De façon aléatoire et imprévisible, des phénomènes douloureux peuvent persister et/ou se renforcer. Ces phénomènes douloureux peuvent s’installer dans le temps .Ce syndrome peut évoluer sur de nombreux mois (en moyenne 18 à 24 mois selon les études), et laisser parfois persister des séquelles trophiques ou articulaires définitives.
    • La persistance de la douleur. Des séquelles douloureuses chroniques permanentes locales et/ou à distance du foyer opératoire peuvent également survenir .
    • Douleurs neuropathiques périphériques : d’origine nerveuse, leurs causes sont variables et le plus souvent elles ne sont pas liées au geste chirurgical lui-même. 
    • les troubles cicatriciels, favorisés par une pathologie générale telle le diabète. On peut retrouver un retard ou un trouble de cicatrisation avec une désunion, une nécrose cutanée ou une cicatrice disgracieuse
    • Démontage et bris de matériel ou gêne des vis nécessitant l’ablation dès la consolidation acquise. 
    • La phlébite malgré la mise en place d’un traitement anticoagulant.
    • Les complications liées au tabac Les fumeurs ont plus de risque de complications au niveau des cicatrices opératoires et de la consolidation osseuse. L’arrêt complet du tabac est recommandé .
    • les mauvaises consolidations ou absence de consolidation osseuse L’ostéotomie (coupe de l’os) réalisée peut ne pas consolider correctement, le délai habituel de huit semaines peut être allongé, voire la consolidation ne se fait pas. Parfois on peut avoir une consolidation en mauvaise position (cal vicieux). Ces risques peuvent être augmentés en cas d’ostéoporose (os fragile). Une nouvelle intervention chirurgicale permettant la consolidation osseuse est possible et parfois nécessaire.
  • La récurrence de l’hallux valgus.

Ces complications retardent la récupération mais peuvent être traitées. Le chirurgien vous expliquera les différentes options pour les traiter.